Suivez Nous

LES PINCEAUX D’AFRIQUE A GAMLA STAN

Brigitte Gacha | | Arts Visuels

IMG-20151211-WA0011

En ces temps pertubés des relations humaines, racisme,exclusion, fanatismes réligieux, il était rafraîchissant de se retrouver à Gamla stan, à cette exposition d’Arts plastiques des peintres africains venant d’Afrique et de Suède.

Le vernissage a eu lieu! Les pinceaux d’Afrique se sont exposés à Gamla stan, dans une plaisante galerie située sur la place de Jantorget, avec vue imprenable sur le Mälaren et sur la place de Jantorget gorgée de monde .
D’emblée, la question se pose : comment une exposition d’arts plastiques africains a-t-elle pu trouver une galerie à Gamla stan, à rendre envieux plus d’un artiste autochtone qui rêverait y trouver une galerie pour se faire exposer ? Le Gamla stan est le quartier historique de la ville. Il s’y trouve entre autres le Palais royal, l’Académie des Lettres, la Grande Cathédrale . Ses ruelles et ses allées fourmillent de monde à toute période de l’année : Historique et touristique, par conséquent.
Assez paradoxalement, Gamla stan attire autant qu’ il fait peur. En règle générale, il attire les touristes, et fait peur aux habitants des autres quartiers, notamment les étrangers vivant à Stockholm. Chercher à exposer à Gamla stan était un pari louable, audacieux, courageux, optimiste. C’est aussi une histoire de métissage, de rencontre entre deux partenaires..Lui, c’est Firmin Koto , originaire de la Côte d’Ivoire, vivant à Stockholm avec sa famille, rédacteur en chef de 100%Culture ; il décide de faire une exposition des tableaux des africains vivant en Afrique et en Europe pour mieux les faire connaître dans le continent européen, en commençant par la Suède, son pays d’adoption, . Il lui faut un espace pour cela, une galerie, en un mot. Ce n’est pas chose aisée.L’autre, c’est Fredrik Bengtsson, un jeune chef d’entreprise suédois , en plus d’être psychologue de formation, est un amoureux de l’art dans sa variété ; Frédérik dispose d’un espace : son loft au quatrième étage de son cabinet, dont l’acronyme ABLE développé, évoque sa phylosophie : Art of Beauty, Lifestyle & energy = Art de la Beauté, Style de Vie, et Énergie). C’est par conséquent avec plaisir qu’il a ouvert portes et fenêtres de cette charmante pièce située sous les toits de l’ immeuble du 78 Järntorget pour mieux distiller les effluves colorées de ces tableaux d’Outre-Atlantique.
L’heure du vernissage a sonné. Les invités gravissent les escaliers cossus de cet immeuble de plus de deux cents ans ; d’aucuns avec gravité, d’autres timidement, d’autres encore d’un pas alerte, mus par une curiosité d’être dans le mythique Gamla stan, et aussi d’aller voir de « leurs propres yeux » si les oeuvres africains sont bien exposés dans le salon . A l’entrée , deux immenses sculptures de plus de deux mètres d’un mélange de métal, colle de pâte et sciure de bois de l’artiste Rhode Makoumbou nous accueillent ; ces sculptures représentent deux femmes en mouvement : elles nous retiennent, et nous dominent par leur hauteur et ce n’est qu’après les avoir bien admirés qu’elles nous ouvrent la voie vers la grande salle. Cette salle est un vaste espace dont les murs sont peints tout en blanc. Leurs blancheurs contrastrent en les faisant ressortir davantage, les différents tableaux aux couleurs châtoyantes qui y sont accrochés. Il faut dire qu’ils sont colorés à merveille. Exemple, le tableau de Pehouet représentant deux petites filles en tresse agenouillées en train de jouer est si vivant que nous sommes tentés de participer à leur jeu, de rire avec elles, de nous agenouiler comme elles, d’être mis au parfum de leurs histoires, des histoires des villages africains.
Arts plastique.
Celui de Stenka, de Côte d’Ivoire, nous renvoie à l’Egypte ancienne par sa ressemblance. Eddy Ekete , originaire du Congo, nous a aussi ravis par son tableau.représentant un masque riant au visage scarié de couleurs.
Des personnalités, tel l’ambassadeur de la Côte d’Ivoire en Suède et son épouse, la famille Sahlin, le politicien Kitimbwa Sabuni , des suédois et des africains de toutes origine, Cameroun, Congo, Côte d’Ivoire, Sénégal, Burkina Fasso, Benin, de la diaspora, tel José, le chanteur dórigine jamaicaine du groupe Jomapo.
Les invités sont accueillis par les deux partenaires Firmin et Fredrik . La main tenant le jus de gingembre qui leur est servi d’entrée, les yeux ont juste le temps d’embrasser d’un regard les différents tableaux des neuf peintres et sculpteurs accrochés dans les quatre coins cardinaux de la salle quand on annonce l’entrée du groupe Jomapo, chargé d’apporter d’autres couleurs musicales . C’est un trio composé d’une femme et deux hommes.La voix du chanteur José à la peau d’acajou s’élève. C’est une voix aux tessitures riches, et sensuelle. Et son corps d’athlète se meut au rythme de la musique soul gospel jazz comme s’il avait littéralement de la musique dans le sang. Tout à coup, les murs blancs, mus sûrement par cette sensualité, laissent tomber leurs retenue, et laissent voir davantage les belles couleurs des tableaux, tel un hôte par politesse et respect laisse briller l’invité, ou reconnait ses qualités, et se mêle humble, à ses pairs de couleurs. C’était magique. Beau d’humilité.
Les applaudissements mérités, le trio de musiciens se joint aux visiteurs, et chacun admire chaque tableau, ne s’en détache que pour y revenir, entre deux voyages au buffet de toutes sortes de fritures : patates douces frites, poulets frits, pour satisfaire aussi ses autres envies.
L’exposition a duré trois jours. Trois jours de succès. Mais trois jours, c’est court. En effet, beaucoup de suédois et d’africains auraient aimé faire un tour à Gamla stan pour faire d’une pierre deux coups : visiter Gamla stan et admirer et peut-être acquérir les tableaux et sculptures de l’art africain dans un cadre mythique. Il eut fallu leur donner du temps. Connaître les culture de l’autre est la meilleure façon d’apprécier cet autre. On peut le leur apporter à domicile, telle cette exposotion des africains d’Afrique et de la diaspora.

Il est à espérer et souhaiter que des expostions de ce genre se répètent sinon trimestriellement, du moins annuellement.
Encourageons les personnalités comme Frédrik et Firmin qui favorisent la rencontre des peuples et cultures. .

Brigitte Gacha
IMG-20151211-WA0007
IMG-20151211-WA0005 IMG-20151211-WA0004
IMG-20151211-WA0000