Les jeunes sénégalais s’initient au graffiti, un art engagé et citoyen
Le graffiti est un art urbain qui consiste à peindre des images ou des mots sur les murs de la ville. Au Sénégal, il est apparu à la fin des années 1980 avec le mouvement Set Setal, qui signifie “propre” et “rendre propre” en wolof. Des jeunes ont alors voulu nettoyer et embellir Dakar en investissant l’espace public avec leurs messages politiques et sociaux.
Depuis, le graffiti sénégalais a évolué et s’est diversifié, mais il a gardé sa vocation engagée et éducative. Des collectifs comme Doxandem Squad, RBS Crew ou Undu Graffiti utilisent leur savoir-faire pour informer la population sur des problématiques de santé, d’environnement, de droits humains ou de culture. Ils rendent aussi hommage aux personnalités qui ont marqué l’histoire du pays, comme le poète Léopold Sédar Senghor ou le musicien Youssou N’Dour.
Le graffiti sénégalais est aussi un moyen d’expression pour les jeunes, qui peuvent y exprimer leur créativité, leur identité et leur vision du monde. C’est le cas de Dieynaba Sidibé, alias Zeinixx, la première graffeuse du Sénégal. Elle utilise son art pour revendiquer ses droits et ceux des femmes, en dénonçant les violences, les discriminations ou les stéréotypes dont elles sont victimes. Elle affirme aussi sa fierté d’être une femme africaine et musulmane.
Pour apprendre le graffiti, les jeunes sénégalais peuvent participer à des ateliers organisés par des associations ou des festivals. Le plus connu est Festigraff, le premier festival de graffiti d’Afrique, qui rassemble depuis 2010 des artistes du continent et du monde entier. Ils peuvent aussi s’inspirer des œuvres qui ornent les murs de Dakar ou d’autres villes du pays.
Le graffiti est donc un art qui a su trouver sa place au Sénégal, en étant à la fois un vecteur de beauté, de sensibilisation et de dialogue. Il reflète la diversité, la richesse et la vitalité de la culture urbaine sénégalaise.
Innocent KONAN
Mots-clefs : art urbain, engagement, graffiti, jeunesse, Sénégal