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Babacar NDIAYE, Coordonnateur du PSICD « Le deuxième Appel à propositions est lancé depuis le 03 Avril 2008 »

Sessi Tonoukouin | | Arts Visuels

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Démarré officiellement au Bénin depuis mars 2006, le programme de Soutien aux Initiatives Culturelles Décentralisées (PSICD) reste un outil de développement du secteur culturel, issu de la coopération entre le Bénin et l’Union Européenne. Il est financé par le 9è Fonds Européen de Développement. Cette année, ce programme exécute son deuxième devis programme, avec à la clé le lancement du deuxième Appel à propositions, une opération dont la finalité est le financement des projets soumis par les acteurs culturels béninois. Dans cet entretien, le Sénégalais Babacar NDIAYE, coordonnateur du Psicd, explique tous les détails cette activité et les autres axes d’intervention de son Programme. Interview !

Votre programme a lancé son deuxième Appel à projet au cours d’une conférence de presse il y a quelques jours. Que peut-on retenir de cette activité pour laquelle vous demander l’adhésion des acteurs culturels Béninois ?
L’appel à projet que nous avions lancé le 03 Avril 2008 dernier à la salle de conférence du Chant d’oiseau, est une activité très importante du Programme de Soutien aux Initiatives Culturelles Décentralisées. Elle consiste simplement à demander aux acteurs culturels de soumettre leurs projets pour bénéficier de subventions dans un délais qui court jusqu’au 3 juin 2008 prochain à 16 heures. Cette activité constitue le deuxième axe d’intervention du programme après le renforcement de capacité des acteurs. Pour ce deuxième appel à projets du programme, il faut retenir que nous avons introduit un second guichet pour accroître la chance du plus grand nombre au financement. Ce guichet s’adresse aux projets à budget réduits dont la taille de subvention est comprise entre 2 et 5 millions de francs Cfa. Tandis que le premier guichet concerne les projets plus grands dont la taille de subvention oscillent entre 15 et 30 millions de francs Cfa.

Pouvez vous nous expliquer davantage le contenu du programme que vous dirigez et qui est baptisé « Programme de Soutien aux Initiatives Culturelles Décentralisées » au Bénin?
Comme vous le savez, l’accord de partenariat entre les Etats ACP et l’Union Européenne inscrit le secteur culturel comme un des domaines d’appui au développement social et humain. C’est dans ce cadre que le Gouvernement béninois, à l’instar d’autres pays de la sous région, a décidé la mise en place d’un Programme de Soutien aux Initiatives Culturelles Décentralisées (PSICD) dans le cadre de la coopération avec l’Union Européenne. La Convention de financement signée le 10 août 2005 entre le Bénin et la Commission Européenne, prévoit une enveloppe financière de deux millions neuf cent quarante mille (2.940.000) euros sur le 9ème Fonds Européen de Développement (FED) destinée à appuyer le développement du secteur culturel pour une durée de 3 ans. Le Psicd est placé sous la tutelle du Ministère de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme qui assure la présidence du Comité de Pilotage Dans son ensemble, le programme vise à renforcer le dynamisme et la professionnalisation des acteurs culturels non étatiques béninois. Il prend en compte toutes les filières culturelles et s’intéresse aux questions de développement local. Sa mission est de promouvoir aussi les identités et la créativité artistique, d’élargir l’accès des populations aux produits culturels et d’encourager le dialogue entre les différentes cultures. Dans cette optique, il contribue à l’émergence et au renforcement durable des acteurs non étatiques en même temps qu’il soutient la structuration et l’organisation du secteur culturel béninois.
Nous avons démarré les activités le 27 mars 2006 et avons déjà bouclé le premier devis programme. Actuellement, nous sommes à plein régime dans la phase de croisière. Le premier devis programme, nous a permis, après un état des lieux et l’identification des besoins du secteur culturel béninois, de travailler essentiellement en 2007 sur deux axes à savoir le renforcement des capacités par la formation de 150 acteurs culturels et l’appui financier à onze projets culturels répartis sur toute l’étendue du territoire national. Pour cette année, nous nous efforçons à maintenir cette dynamique de structuration du secteur et de professionnalisation des acteurs.

Quels sont les types de projets que vous accompagnez ?
Nous soutenons des projets culturels portés par des acteurs culturels béninois. Comme je le disais tantôt, nous avions subventionné onze projets suite au premier appel à propositions pour un volume de financement de 300 millions de francs cfa. Il s’agissait de projets structurants à grand impact sur le secteur culturel béninois. Ces projets ont obtenu des subventions variant entre 20 millions et 30 millions. C’est vous dire que notre vision est d’éviter le saupoudrage pour aboutir à des résultats probants, capables d’impulser un développement réel du secteur culturel au Bénin. Les termes de référence de ce premier appel se sont intéressés aux domaines culturels tels que le cinéma et l’audiovisuel, les arts vivants, le livre et l’écrit sans oublier l’animation des espaces culturels et le patrimoine. Ces projets financés sont en cours de réalisation sur l’ensemble du territoire.

Quelle est la procédure pour bénéficier des subventions du programme ?
Pour le financement des initiatives culturelles, l’appel à propositions est le principe retenu. Il consiste à lancer un processus permettant aux demandeurs de soumettre au PSICD des projets culturels susceptibles de bénéficier de subvention suivant des conditions contenues dans un document appelé « lignes directrices ». Selon nos méthodes d’intervention, le demandeur n’est pas une personne physique, mais plutôt une personne morale de type association culturelle, Ong ou agence dont les projets sont à but non lucratif. Une fois les projets soumis, le programme commet des assesseurs nationaux ou non Béninois qui évaluent les propositions selon des critères préalablement vulgarisés. Ce travail est enfin validé par un comité d’évaluation présidé par le Ministre de la Culture de l’Artisanat et du Tourisme et composé des représentants de la Délégation de la Commission Européenne, du Ministère de l’Economie et des Finances et des acteurs culturels non étatiques. Après cela et avant la signature d’accords de partenariat avec les bénéficiaires, des séances d’information et de formation sur les procédures et règles de gestion de subvention du Fonds Européen de Développement (FED) sont organisées à l’endroit des bénéficiaires. Le programme a aussi un rôle d’accompagnement, de suivi technique et financier des porteurs de projets dès le démarrage de la mise en œuvre de leurs initiatives. Je voudrais préciser que tout le processus d’évaluation, de sélection et d’octroi des subventions repose sur des principes clairs comme  la transparence, la mise en concurrence et l’égalité des chances.

Que répondez-vous à ceux qui se plaignent de ce que vos procédures sont trop lourdes ?
D’abord, je voudrais faire comprendre, qu’il s’agit d’une subvention, à travers des fonds publics, non remboursables, mis à la disposition des acteurs culturels béninois porteurs d’initiatives qui ont des objectifs de développement clairement identifiés et ciblés. A ce titre, il nous parait indispensable de définir un minimum de critères, de règles et de méthodes aptes à garantir non seulement les principes de transparence, de libre concurrence que je viens d’évoquer, mais aussi, à vérifier la pertinence de l’action, les résultats escomptés, les activités prévues, les coûts etc. Il est vrai que cela requiert des notions basiques, des capacités en gestion ou en planification de projets mais encore une fois, il y a nécessairement lieu de créer des synergies entres acteurs de diverses compétences ou des partenariats pour augmenter les capacités opérationnelles et multiplier les chances d’accès au financement. La gestion des affaires culturelles est aussi une spécialisation. Ceci dit, les règles et conditions applicables à la gestion des subventions sont préalablement définies par le bailleur. A ce propos, il convient de signaler que des efforts importants ont été faits pour alléger et adapter certaines dispositions des procédures à la réalité du champ culturel et au contexte du secteur au Bénin. Dès lors, il revient aux demandeurs de se conformer aux règles pour pouvoir bénéficier des appuis du programme. Néanmoins, nous avons démarré depuis l’année dernière un vaste programme de renforcement de capacité des acteurs culturels pour leur permettre d’acquérir des outils ainsi qu’un savoir faire dans des domaines précis dont la gestion de projets.
Par ailleurs, en dehors des séances prévues annuellement, la structure opérationnelle que je dirige a toujours été disponible pour assurer un encadrement et un appui techniques à tous les acteurs et opérateurs qui se sont adressés a elle.

Nous espérons que tous ces efforts conjugués contribueront à mieux outiller les acteurs de façon à leur permettre de profiter davantage des opportunités de financement disponibles au PSICD et au sein d’autres organismes.