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Burkina Faso / Seri Yolande Esther : De la coiffure à la restauration, la reconversion réussie d’une ivoirienne au Burkina

Raymond Alex Loukou | | Arts Culinaires

C’est en fin 2004 et début 2005 que Séri Yolande Esther ivoirienne, native de Daloa a débarqué à Ouagadougou pour exercer le métier de coiffeuse.

La proposition lui ayant été faite par  l’épouse d’un footballeur burkinabé résidant à Ouaga qui  avait l’habitude d’aller recruter des employées à Abidjan, Yolande n’y a pas vu d’inconvénients. Sans  réfléchir elle a décidé de sauter sur l’occasion vu qu’elle-même adore les voyages.

Arrivée à la capitale avec son petit garçon sous les bras, elle se mit rapidement au travail chez sa nouvelle employeuse. Yolande était pressée de mettre en exergue l’expérience acquise en coiffure et esthétique  dans son propre salon dans la commune de Marcory au quartier Vatican. Pendant un an et six mois, sans jour de repos « l’étrangère » travaille d’arrache-pied. Très vite le portefeuille-client va prendre du volume grâce à une stratégie commerciale et marketing mise en place par Yolande à la grande satisfaction de sa patronne. Femme de défi, la fille de la cité de l’antilope décide de s’installer à son propre compte pour mieux tirer profit de cette clientèle. Chose qu’elle obtient  sur la bénédiction de son ex-patronne.

Ainsi naît «  Grâce divine coiffure », le nouvel espace de coiffure et d’esthétique signé Seri Yolande Esther sis à l’avenue France-Afrique. L’accueil, le service, l’expertise de Yolande font très vite la différence au point où l’établissement de soins de beauté devient le point de ralliement de toutes les « ouagalaises » d’être à la mode ivoirienne. Des années plus tard l’espace est délocalisé à Ouaga 2000. Mais compte tenu de la situation du salon qui est désormais logé dans une cité résidentielle, l’affluence n’est plus de mise. Cette période creuse est mise à profit par notre bourreau du travail pour expérimenter la restauration-maison. Ces premières clientes sont celles qui venaient se faire coiffer au salon. De fil en aiguille le salon se transforma en restaurant.

Spécialiste de la gastronomie ivoirienne, la désormais restauratrice ne tarde pas à se faire une notoriété. Tous les mets ivoiriens sont passés en revue pour le bonheur des fins gourmets de la capitale. C’est d’ailleurs l’un de ses clients les plus fidèles (un ex-président de la sous-région) féru de la sauce graine qui l’aide à ouvrir son premier restaurant en lui octroyant une aide financière. Ainsi le « Zissongo» qui signifie le bon coin en langue mooré situé au quartier Zogona voit le jour et devient une référence en matière de gastronomie ivoirienne à Ouagadougou.

Le coup d’essai  transformé en coup de maître sera salutaire pour Séri Yolande qui met un point d’honneur à satisfaire la clientèle. Depuis maintenant 5 ans qu’elle s’est investie dans la restauration, elle ne semble pas regretter ce nouveau challenge. « J’ai découvert ce métier qui est contraignant et exigeant. Cependant lorsqu’on y apporte de la passion et de l’amour, on arrive à se faire un chemin. Le secret c’est d’être à l’écoute du client et de savoir anticiper ses besoins et ses goûts », confie Yolande un brin satisfaite. « Zossongo » est devenu le passage obligé des artistes-musiciens et comédiens ivoiriens qui séjournent dans la capitale burkinabé.

Aujourd’hui Yolande s’est adaptée à sa nouvelle vie. Mieux elle s’est intégrée dans la société burkinabé au point où ses séjours en Côte d’ Ivoire se raréfient. « Quand tu veux quelque chose, donne-toi les moyens de l’obtenir à tout prix », conseille-t-elle à ses sœurs  venues à l’aventure au pays des hommes intègres. De la coiffure à la restauration, une reconversion réussie pour une ivoirienne au Burkina.

 

Loukou Alex Raymond